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22 février 2011

La polyvalence des indicateurs de la santé

John G. Abbott, chef de la direction, Conseil canadien de la santé

Les indicateurs de la santé sont extrêmement polyvalents, aussi bien sur le plan de leur contenu que sur celui de leur utilisation. Ils peuvent nous aider à mesurer et à comparer diverses questions à propos de la santé et peuvent nous servir à viser de nombreux objectifs. J’ai fait l’expérience directe de la puissance de ces indicateurs alors que j’étais sous-ministre au ministère de la Santé et des Services communautaires (Department of Health and Community Services) de Terre-Neuve-et-Labrador, quand je les ai utilisés pour mettre en place une loi interdisant de fumer à l’intérieur des lieux publics. L’objectif était de réduire l’exposition de la population à la fumée secondaire, afin de diminuer ses effets néfastes sur la santé.

Comme cette interdiction de fumer s’appliquait à tous les lieux publics clos, nous nous sommes heurtés à une vive opposition de l’industrie de l’accueil, qui craignait de perdre les clients fumeurs. Les indicateurs de la santé ont pu nous dire combien de Canadiens étaient touchés par la fumée secondaire, et où l’exposition se produisait le plus (chez eux? en voiture? au restaurant?). Grâce à ces réponses, nous avons pu appuyer la loi et prouver que la différence qu’elle ferait pour la santé dans la province surpasserait de loin les pertes.

Un autre enjeu d’actualité dans ce domaine est celui posé par les gens qui fument en voiture, en présence d’enfants. L’organisme Physicians for a Smoke-Free Canada a fait rapport des données de Statistique Canada montrant que le pourcentage de la population exposée à la fumée secondaire en voiture était plus élevé à Terre-Neuve-et-Labrador que dans toute autre province. Notre Guide du citoyen sur les indicateurs de la santé peut aider les parents à comprendre ces statistiques et à faire des choix de vie consciencieux, bénéfiques pour la santé de leurs enfants.

Beaucoup d’autres blogueurs se sont penchés sur la question au cours des quelques dernières semaines dans divers lieux de la blogosphère.Téléchargez dès à présent notre guide pour en savoir plus, et lisez nos blogues des invités pour voir comment d’autres se servent de ces indicateurs dans le monde de la santé.

10 février 2011

Les casques de cyclistes – Plus on est nombreux, plus on est en sécurité

Le Dr Brian Goldman est un médecin d’urgence chevronné et l’un des reporters médicaux les plus respectés au Canada. Il a été primé pour ses chroniques médicales à The Health Show et The National, à la télévision de la CBC. De plus, il est connu au Canada en tant qu’animateur de l’émission White Coat, Black Art diffusée par la radio de la CBC.

C’était à l’époque de mes débuts de médecin d’urgence. Je me souviens qu’un jour le personnel paramédical a amené un adolescent à l’hôpital. Un passant l’avait trouvé, allongé par terre à côté de sa bicyclette. Il était à demi conscient et avait des enflures et des meurtrissures très symptomatiques d’un côté de la tête. Soudain, là devant mes yeux, il est tombé dans un état comateux profond, avec une grande faiblesse du côté du corps opposé à ses blessures sur le cuir chevelu.

Mon patient était dans un état grave, c’était clair. Heureusement, le personnel paramédical est resté à son chevet pendant que je travaillais frénétiquement pour stabiliser son état. Puis je l’ai fait transféré dans un hôpital pédiatrique et le personnel paramédical a foncé à plus de 100 km/h dans les rues de la ville pour arriver à temps. 

Bonne nouvelle : les neurochirurgiens ont pu opérer mon patient et faire disparaître un hématome extradural, c’est-à-dire une accumulation de sang dans son crâne. Il s’est complètement rétabli. Mais sans un transport rapide à l’hôpital et sans l’intervention de chirurgiens qualifiés, mon patient serait certainement décédé.

Tous les patients n’ont pas la même chance que lui. La raison en est simple : bien trop de Canadiens circulent à bicyclette sans porter de casque. Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, tout juste 4,1 millions des quelque 11,4 millions de Canadiens âgés de 12 ans et plus qui font de la bicyclette portent un casque adéquat, en tout temps.

C’est pour cette raison que j’appuie l’utilisation des indicateurs de la santé qui permettront de mesurer l’efficacité des lois et des règlements exigeant le port des casques par les cyclistes. Les blessures sont la cause première des décès et des invalidités parmi les enfants et les jeunes au Canada. Les causes principales de blessures comprennent les accidents de bicyclettes et de véhicules motorisés. Quand on voit les retombées des traumatismes sur les vies des patients et de leurs familles, on comprend que le seul moyen complètement efficace de lutter contre les blessures, c’est de les prévenir.

Les casques peuvent réduire de 85 % les risques de traumatismes crâniens, mais les campagnes de sécurité ne suffisent pas. Considérer les lois sur le port obligatoire des casques constitue un excellent point de départ, étant donné que ces lois ont montré qu’elles mènent à un port accru du casque et à une réduction des blessures à la tête. Plusieurs provinces ont réglementé le port des casques de cyclistes. Certaines exigent le port du casque pour les gens de tous âges, tandis que d’autres l’imposent uniquement aux enfants et aux jeunes de moins de 18 ans. En comparant les taux de blessures dans ces différentes instances, on peut évaluer l’efficacité des lois sur le port des casques de cyclistes.   

Les autres indicateurs de la santé de l’ICIS et de Statistique Canada qui sont rattachés à la sécurité comprennent les taux de mortalité, les hospitalisations et le pourcentage des cyclistes qui portent un casque.

En ciblant le port du casque pour les cyclistes et les lois qui l’imposent, nous renforçons la sécurité pour les Canadiens. Et nous réduisons le carnage dans nos salles d’urgence.

5 février 2011

Les indicateurs de la santé? L’indice de masse corporelle – Bien commencer un long voyage

 
La Dre Ali Zentner est spécialiste en médecine interne, gestion de l’obésité et des risques cardiaques. Elle exerce actuellement en Colombie-Britannique et en Alberta, avec un cabinet médical à Vancouver Ouest. Ali compte parmi les experts de la nouvelle série à succès de la CBC, Village on a Diet, et c’est l’un des principaux conseillers médicaux de la campagne Live Right Now de la CBC.

Depuis quelque temps, je pense beaucoup aux indicateurs de la santé. Qu’est-ce qui fait qu’une mesure est supérieure à une autre? En tant que médecin, je suis sans cesse à la recherche de moyens efficaces de mesurer les risques de santé d’un patient et de communiquer ces risques avec exactitude et validité. Dans un monde où l’intangible règne suprêmement, les patients ont besoin plus que jamais d’une évaluation concrète et fiable de leurs propres risques de santé, afin d’appuyer leurs objectifs de mode de vie et les moyens de les atteindre.

Soyons clairs. À mon avis, nous ne parviendrons jamais à nous mettre d’accord sur la moindre question en la matière, en tant que communauté médicale. En fait, je suis partisan de notre discorde. Les divergences d’idées entraînent des divergences dans nos approches de traitement. Et à une époque où les maladies chroniques prévalent, la médecine a plus que jamais besoin d’une telle diversité.

Nous en arrivons maintenant au sujet de l’obésité au Canada et de l’indice de masse corporelle (IMC). Dans le traitement médical de l’obésité, nos trois principaux indicateurs de la santé sont les suivants : IMC, mesure du tour de taille et risques de comorbidités.

De par le passé, l’IMC a fait l’objet de critiques considérables quant à son utilité pour certains groupes ethnoculturels et pour la population en surpoids.

Voici ce que je pense de la question.

Pour les patients qui ont un IMC supérieur à 30… la question est close. Ces patients sont obèses, quels que soient leur tour de taille et leur appartenance ethnoculturelle. Je n’ai encore jamais vu d’homme ou de femme avec un IMC de 31 et « un tour de taille à faible risque ». Si tel est votre cas, envoyez-moi un courriel et je me ferai un plaisir de publier une rétraction.

La question clé, ici, vise à savoir ce qu’est vraiment l’IMC en tant que déterminant de risques? Diverses études ont prouvé clairement qu’un IMC accru est un indicateur de comorbidités accrues.

Une analyse prospective conjointe de l’IMC comparé à la mortalité chez 894 576 personnes en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, publiée dans le Lancet en 2009, a montré une augmentation des facteurs de risques cardiovasculaires chez les patients ayant des indices de masse corporelle supérieurs à 25 kg/m2. Cette étude a aussi montré un risque accru de mortalité due à une cause spécifique (à savoir la mortalité cardiovasculaire) parmi cette population de patients. Mais l’élément fondamental, ici, c’est le risque pour les patients globalement.

Ne vous y trompez pas : je crois que l’IMC est un bon indicateur de risques MAIS IL NE FAUT PAS S’ARRÊTER LÀ.

L’important pour moi, en tant que médecin, est d’utiliser l’IMC comme un moyen de dépistage pour d’autres éventuelles comorbidités chez les patients. De plus, l’IMC doit m’inciter à voir au-delà du simple chiffre qu’il fournit.

Mon plus grand problème avec l’IMC est le suivant : les chiffres actuels sont clairement axés sur la population d’origine européenne. Quand il est appliqué aux Canadiens qui ne sont pas de descendance européenne, l’IMC échoue terriblement en ce qui concerne ses niveaux actuels pour les personnes en surpoids et obèses.

Je crois qu’en tant que pays nous ferions bien d’adopter une nouvelle classification de l’IMC ethnoculturellement spécifique. L’Association internationale du diabète se sert de mesures stratifiées du tour de taille relativement aux risques, qui tiennent compte des antécédents ethnoculturels du patient.

À mon avis, c’est une occasion idéale pour nous d’élargir le spectre de cet indicateur de la santé.

Globalement, quand on parle des « indicateurs de la santé », ma position est claire – ce sont d’excellents points de départ pour le processus de dépistage, mais ils ne suffisent vraiment pas à donner une vue d’ensemble.

Quant à l’indice de masse corporelle, c’est un outil qui permet aux médecins de COMMENCER à déterminer les risques pour un patient. C’est un bon départ.

Alors, le dialogue commence. Le dialogue sur le profil de risques d’un patient, sur son mode de vie et sa physiologie pour décider où commencer le traitement et la gestion du problème.

Si, comme on le dit bien souvent, tout voyage commence par un premier pas, alors l’IMC peut marquer le début du voyage. Après, là où nous allons en tant que médecins ou patients, c’est un tout autre voyage.