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21 mars 2012

La pédiatrie sociale à Saskatoon : plus que de la médecine

Ce n’est un secret pour personne qu’au cours des dernières années les coûts des soins de santé se sont envolés, tandis que l’état de santé des Canadiens ne progresse pas à la même allure. Alors que la nécessité invite à une discussion franche sur l’innovation en santé et que les gouvernements exigent une baisse des coûts, un appel à investir dans les soins préventifs se fait entendre. En ce moment, à Saskatoon, une initiative récente – la pédiatrie sociale – offre un aperçu de l’éventuel retour sur un tel investissement.

La pédiatrie sociale est une approche médicale novatrice qui échappe aux limites de la médecine traditionnelle ou des services sociaux. Elle fournit à des enfants qui risquent de contracter des maladies chroniques et à leur famille des soins ciblés, multidimensionnels. Comme l’écrit le Dr Gilles Julien, pédiatre canadien, dans son ouvrage phare Soigner différemment les enfants – L’approche de la pédiatrie sociale, il s’agit d’enfants qui ne reçoivent pas, dans des cliniques très achalandées, les soins dont ils ont besoin, de ces enfants « à problèmes » fréquemment abandonnés par le système.

Les problèmes de santé chroniques comme le VIH ou le sida, le diabète de type 2 et les maladies mentales sont endémiques dans les villes modernes, et dans la plupart des cas, leur étiologie remonte à l’enfance – voire à la naissance. Les statistiques révèlent que les résidents des six quartiers les plus pauvres de Saskatoon ont presque 15 fois plus de probabilités de se suicider que leurs homologues plus aisés et presque 20 fois plus de consommer des drogues illicites. En outre, le taux de mortalité infantile dans ces quartiers est analogue à celui des pays en voie de développement. Cependant, les conséquences de ne pas prendre en charge les jeunes à risque ne se limitent pas à la sphère des résultats des soins de santé. Ces mêmes personnes ont aussi un risque accru de décrochage scolaire, de détention dans le système judiciaire pour les jeunes et de chômage chronique – des problèmes sociaux qui aggravent un cycle de pauvreté et de maladie. Pour reconnaître et défendre la possibilité qu’une population en bonne santé puisse émerger de telles circonstances, il faut être doté d’une intuition et d’une conviction peu communes.

En 2007, un partenariat entre le département de pédiatrie de l’Université de la Saskatchewan, le conseil tribal de Saskatoon et la Greater Saskatoon Catholic School Division a permis la création d’une clinique de pédiatrie sociale dans l’école communautaire St. Mary. Il existe maintenant trois cliniques dans des écoles (St. Mary, St. Mark et W.P. Bates), qui visent toutes les trois à améliorer l’accès aux soins pour les jeunes des quartiers centraux de la ville et qui prennent en charge leurs besoins de santé médicaux et psychosociaux. Toutes les familles ont directement accès à un pédiatre, sans avoir à être aiguillées par un médecin de famille. Jusqu’à présent, plus de 1 000 enfants et adolescents ont eu recours à ces cliniques, et la plupart continuent d’y être suivis. Une quatrième clinique ouvrira à l’école secondaire E.D. Feehan dans le courant de cette année.

Selon la Dre Maryam Mehtar, une pédiatre de Saskatoon associée à ces cliniques, l’un des principaux objectifs de la pédiatrie sociale, c’est la création d’un capital social. « Quand vous ou moi, nous tombons malades, il n’y a pas de limite aux endroits où nous pouvons aller ou aux personnes qui peuvent nous aider. La pauvreté intergénérationnelle ne permet simplement pas aux gens d’avoir les ressources nécessaires pour surmonter les difficultés, et l’exclusion sociale aggrave le problème. »

En s’immergeant dans le milieu de ses patients, la Dre Mehtar accomplit une démarche essentielle pour comprendre leurs besoins. Elle croit que la négligence qui découle de la pauvreté crée un milieu qui nuit au développement de l’enfant et joue un rôle considérable dans l’apparition de maladies chroniques chez les futurs adultes. Cette certitude est au cœur de l’amélioration des soins médicaux et sociaux dispensés aux enfants et aux adolescents de Saskatoon.

L’heure est venue de faire appel à l’innovation pour définir l’avenir des soins de santé au Canada. La réussite de notre système de santé dépend moins des défis auxquels nous sommes confrontés que de notre façon de les affronter. Grâce au partenariat inventif qui a amené des cliniques médicales dans des écoles de Saskatoon, notre ville peut se féliciter d’avoir joué un certain rôle dans le développement d’une avancée médicale économique et efficace – l’approche de la pédiatrie sociale. Pour les jeunes de tout le pays, c’est un exemple de ce à quoi la médecine préventive peut ressembler. Vous qui songez à l’avenir des soins de santé primaires, pensez-y.  

Alexander Dyck et Ingrid Wirth, étudiants en médecine à l’Université de la Saskatchewan, ont été sélectionnés pour la liste restreinte du Défi de l’innovation en santé pour leur soumission La pédiatrie sociale à Saskatoon : plus que de la médecine

Mots Clés: Practiques novatrices Saskatoon étudiants

1 commentaire:

  1. Etant donné que je fais partie d'une école de pédiatrie, je trouve ce sujet très important.
    Plusieurs problèmes commencent dès l'enfance, cette clinique de pédiatrie sociale est vraiment un concept qui doit se généraliser dans le monde entier.

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