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15 mai 2012

Habiliter les patients – Manière de le faire différemment au Royaume-Uni

Le Dr David Pearce est chercheur en SAG à la Health Foundation au Royaume-Uni. Il est directeur clinique de l’équipe Co-creating Health à Torbay, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Ce projet fait partie d’un programme multicentre, créé par la Health Foundation pour promouvoir l’autogestion et le travail en collaboration entre les patients et le personnel des services de santé.

Bien que ce programme ait de multiples facettes, l’image qui me vient en tout premier à l’esprit est celle d’une patiente que j’ai vue dans ma clinique la semaine dernière. La première question que je lui ai posée était à peu près la suivante : « Alors, dites-moi ce qui vous amène ici aujourd’hui. » Elle m’a répondu : « En fait, je ne veux pas vraiment être ici; je suis juste venue pour que X (un autre professionnel de la santé qu’elle consulte régulièrement) cesse de me tarabuster à ce sujet. »

Cette femme était intelligente, autonome et diserte, mais sa longue expérience du système de santé l’avait amenée à accepter des soins qu’elle ne voulait pas. Il aurait pu en être tout autrement. En habilitant les patients, et en déterminant des objectifs en collaboration avec eux, à partir d’un plan établi ensemble, nous pouvons valoriser la plus grande ressource sous-utilisée dans nos services de santé – à savoir, les patients. Je participe à la formation du personnel en techniques de promotion de ce mode collaboratif de travail, dans le cadre de notre Advanced Development Programme. Notre but est de modifier l’équilibre des pouvoirs au sein du système de santé, pour que chaque rencontre entre un patient et un professionnel de la santé se fasse entre deux spécialistes égaux et complémentaires. Par là, je veux dire que le professionnel de la santé est un spécialiste des maladies, tandis que le patient est un spécialiste de ce qu’il vit, ainsi que de ses propres besoins et valeurs.

Cependant, après des années de nouvelles initiatives, beaucoup de professionnels de la santé sont « fatigués du changement » et la situation est encore exacerbée par les restrictions financières actuelles. Dans ce climat, nous courons le danger que notre formation pour les cliniciens devienne un simple cours de plus, qui sera vite oublié. Pourtant, nous avons formé la vaste majorité des médecins locaux de soins primaires et les anciens participants à notre formation sont devenus nos plus ardents défenseurs. Ceux-ci ont découvert qu’une collaboration avec les patients permet de véritables améliorations sur le plan de leur satisfaction au travail.

Les médecins nous ont dit que grâce à ces compétences, ils avaient pu aider des patients « coincés » à faire des progrès. L’un d’eux a déclaré pouvoir finir à temps son travail clinique, pour la toute première fois dans sa carrière, grâce aux plans établis en commun. Les changements même les plus simples et les plus petits dans les interactions entre les médecins et les patients peuvent mener à d’importantes améliorations et de grosses économies financières. Par exemple, dans le cas du patient ci-dessus, nous encourageons les médecins à poser une question comme celle-ci lors de la formation : « Aimeriez-vous être référé à… », et non pas : « Je vais faire vous référer à… ». Grâce à des conseils comme celui-ci, un cabinet médical a pu réduire de 30 % les aiguillages vers des services secondaires pour la santé mentale.

Certes, nous ne sommes qu’une petite équipe à Torbay, mais nous avons prouvé que le recours aux techniques d’autogestion peut donner des résultats positifs pour la santé des patients, la satisfaction au travail des cliniciens et les économies financières. Nous nous passionnons pour l’autogestion et pour sa promotion, et nous aimerions recevoir vos commentaires et vos questions. Mon adresse courriel est david.pearce3@nhs.net.

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