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30 janvier 2013

Mettre en commun les pratiques novatrices par-delà les frontières provinciales


Cette semaine, le ministre de la Santé de l’Île-du-Prince-Édouard, Doug Currie a décidé d’aller chercher des idées au-delà des frontières provinciales pour résoudre les problèmes de fermeture des salles d’urgence dans son île.

Le ministre s’est rendu en Nouvelle-Écosse pour tenter de trouver des modèles de pratiques novatrices qui pourraient contribuer à améliorer la situation. Plus précisément, son Ministère étudiera comment certains hôpitaux ont fait appel au personnel paramédical et aux autres travailleurs de la santé de façon nouvelle et novatrice pour renforcer les soins de santé. Les centres d’urgences qui travaillent en collaboration ont été l’un des points de mire du voyage du ministre.

Il est essentiel de créer des liens à travers le pays afin de partager les innovations pour que le système de santé au Canada soit uniforme et de haute qualité. Pourquoi réinventer la roue quand une autre province a peut-être connu des difficultés similaires et a trouvé une solution novatrice?

Apprendre les uns des autres est l’objectif de notre Portail de l’innovation en santé. Ce portail se propose d’appuyer l’identification des pratiques, des programmes, des politiques et des services novateurs en matière de santé, et de les diffuser parmi le public. Nous avons recueilli des centaines de pratiques novatrices partout au pays, qui sont facilement consultables par région, sujet, date ou source.

Dans l’objectif de valoriser l’innovation, nous avons aussi demandé aux étudiants des collèges et des universités au Canada de trouver des pratiques qui sont, selon eux, des sources de changements positifs dans le système de santé et de les présenter sous forme d’essais à notre 4e Défi annuel de l’innovation en santé. La date de fermeture des inscriptions était le 18 janvier 2013, alors nous nous ferons un plaisir de vous informer très bientôt de ce qu’ils ont proposé!

Nous espérons que plus d’instances et plus de décideurs influents de la santé, à tous les niveaux, regarderont ce que font leurs voisins partout au Canada pour les aider à améliorer leurs systèmes de santé provinciaux.

25 janvier 2013

Nous devons sortir de notre bulle


Jason Nickerson est inhalothérapeute et candidat au doctorat en santé de la population, à l’Université d’Ottawa.

En raison du besoin de renforcer la capacité de notre système de soins de santé primaires, il est extrêmement important pour nous de porter attention aux points de vue de ceux qui travaillent au sein de ce système. La publication du rapport Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé? nous offre cette possibilité. Ce rapport devrait signaler la nécessité pour nous d’évoluer non seulement sur le plan des discussions, mais aussi sur celui des innovations, afin de déterminer comment continuer de rentabiliser les fonds consacrés aux soins de santé pour les Canadiens.

Depuis des décennies, les spécialistes des politiques de santé et les praticiens canadiens sont aux prises avec cette question : comment améliorer l’accès aux soins de santé primaires pour les Canadiens? Le débat s’est tenu dans le contexte d’un système de santé fracturé et fragmenté, qu’il est bien évidemment difficile de considérer comme un système national. En fait, des soins de santé de qualité sont souvent prodigués mais dans des bulles isolées, dont la plupart ne sont pas reliées d’une manière pragmatique aisément navigable pour les patients et les prestateurs de soins. Pour être efficace, un système de santé doit comporter des liens transparents entre les prestateurs de soins communautaires, de soins primaires, de soins intensifs et de soins continus – chose qui manque au Canada, selon ce rapport. Nous devons concentrer davantage nos efforts sur les systèmes, et non pas sur les problèmes individuels.

Malheureusement, les progrès sont terriblement lents. Comme le rapport le souligne :
« Le Canada fait piètre figure au classement comparativement aux autres pays, pour plusieurs facteurs liés à l’accès aux soins de santé et à la coordination des soins entre les prestateurs de soins primaires et les spécialistes. » Le problème n’est pas nouveau et il ne provient pas d’un manque d’investissement. En effet, un nombre considérable de projets et d’autres modèles de pratique ont vu le jour partout au Canada, dont certains ont remporté un grand succès, mais dont beaucoup n’ont pas pu évoluer au-delà du contexte médical où ils étaient nés.

Nous devons comprendre qu’il faut remédier aux nombreuses contraintes sur le plan de l’accès aux soins de santé en faisant des réformes structurelles considérables de gouvernance et d’organisation des systèmes de santé au Canada (car il y a pluralité des systèmes, et non pas un seul système cohérent). Beaucoup trop peu de cliniciens peuvent exercer pleinement dans l’éventail complet de leurs compétences, ce qui limite « la rentabilisation maximale » de leur formation et de leur déploiement; les réseaux et les procédures efficaces d’aiguillage sont absents de trop nombreux systèmes, ou sont freinés par des contraintes d’administration et de procédure qui compliquent l’orientation et la collaboration; des systèmes d’information sur la santé ont été déployés pour recueillir de vastes quantités de données, mais bien souvent, ils ne parviennent pas à gérer ces données de manière significative entre les différents prestateurs et systèmes de soins.

Beaucoup de choses ont été écrites à propos du besoin d’améliorer le système de santé au Canada, mais nous devons aller au-delà des solutions simplistes qui consistent en grande partie à viser les changements, plutôt que les réformes. Des propositions comme l’éducation interprofessionnelle ou les dossiers électroniques présentent clairement un potentiel d’apporter ces changements, mais s’avèrent insuffisantes pour éliminer les obstacles de structure, de réglementation ou d’institution qui nuisent à l’application optimale des innovations. Les cliniciens qui n’ont pas le pouvoir d’entreprendre, de prescrire ou de cesser des traitements, ou d’orienter leurs patients vers des collègues de professions différentes (ou qui ne sont pas autorisés à le faire), peuvent difficilement prodiguer des soins interprofessionnels optimaux, ou voir les avantages d’une éducation interprofessionnelle. Les systèmes informatisés d’information et d’imagerie médicales qui ne permettent pas un transfert efficace des dossiers entre les différentes instances de soins de santé, ou entre les différentes cliniques, ne sont d’aucune utilité pour les patients ou pour les systèmes de santé. De plus, les cliniciens de première ligne déterminent les inefficacités et les lacunes de ces systèmes et trouvent des moyens de les contourner, ce qui peut directement saper les investissements effectués.

Un travail considérable reste à accomplir pour que les systèmes de soins primaires au Canada continuent de se classer parmi les meilleurs au monde. Toutefois, ceci ne peut pas se faire sans des réformes coordonnées visant à relier les innovations et à garantir l’évolution constructive de la prestation des soins de santé au Canada. Actuellement, il y a des poches d’innovation et d’excellence, ici et là, et la tâche qui nous attend consiste à renforcer de manière coordonnée les systèmes contemporains axés sur la prévention, le traitement et la responsabilisation.

24 janvier 2013

Pourquoi s’en soucier?

Dr Alan Katz, Directeur de recherche, Département de médecine familiale, Université du Manitoba

Pourquoi devrions-nous être concernés par ce que les médecins de famille pensent de la prestation des soins de santé au Canada?

Au moins pour deux raisons. Premièrement, l’avenir de notre système de santé à payeur unique dépend d’une haute efficacité de la prestation des soins. C’est d’ailleurs pourquoi les gouvernements provinciaux ont commencé à investir considérablement dans l’amélioration de notre système de soins primaires. Deuxièmement, parce qu’une bonne partie des changements doivent être apportés au niveau des cabinets médicaux de soins primaires, où les médecins de famille jouent un rôle essentiel de leadership. Ce sondage répond donc à deux objectifs. Il nous montre ce qui a changé au cours des six dernières années et il nous dit ce que les médecins de famille pensent du système. En apparence, les résultats du sondage donnent de bonnes nouvelles (p. ex., utilisation accrue des dossiers médicaux électroniques) et de mauvaises nouvelles (p. ex., mauvais accès aux soins dans de brefs délais, insuffisance des évaluations régulières de la performance clinique). En outre, certains résultats sont difficiles à interpréter (Les médecins qui utilisent des DME exploitent-ils ce moyen au maximum de sa capacité? Pourquoi si peu de médecins signalent-ils la disponibilité d’incitatifs pour les visites à domicile?).

Notre système de soins de santé est complexe. Les moyens d’étudier ce qui s’y passe sont très divers. Outre les excellents sondages comme le Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires, nous devons recourir à d’autres méthodes pour examiner le système afin d’en savoir plus sur ce que les médecins pensent et disent.

Les chercheurs canadiens comptent parmi les meilleurs au monde dans l’utilisation des données de demandes administratives pour étudier à la fois le système de santé et la santé de la population. Cette recherche analyse des données régulièrement recueillies pour assurer le bon fonctionnement du système, comme les demandes de remboursement des médecins aux gouvernements provinciaux, les dossiers de sorties d’hôpital et les ordonnances remplies dans les pharmacies, dans le but étudier le système de santé sous un angle différent.

Notre recherche au Manitoba Centre for Health Policy, http://umanitoba.ca/faculties/medicine/units/mchp/, qui s’appuie sur de nombreuses banques de données corrélées de demandes administratives, s’est penchée sur certaines de ces mêmes questions. Nos réponses ne se limitent pas à celles données par un petit groupe de médecins, mais comprennent tous les contacts au sein du système de santé pour l’ensemble des habitants du Manitoba (à quelques exceptions près). Par exemple, nos travaux ont montré que de nombreux médecins de famille n’utilisent pas pleinement leurs DME!

http://mchp-appserv.cpe.umanitoba.ca/reference/PIN_full_report.pdf
L’un des éléments les plus troublants à propos des résultats de ce sondage est le manque de coordination entre les hôpitaux et les prestateurs de soins primaires. Nos travaux indiquent que ceci résulte peut-être du fait que des patients consultent plus d’un médecin de soins primaires. Les patients sont donc souvent orientés vers des spécialistes par un médecin autre que leur médecin habituel. Nous ne pouvons pas expliquer pourquoi, mais ce phénomène soulève plusieurs questions : Les patients ont-ils consulté un autre médecin de soins primaires parce qu’ils étaient mécontents des soins prodigués par leur médecin habituel? L’aiguillage résulte-t-il du fait que le nouveau médecin ne connaît pas assez bien les antécédents médicaux des patients? Un processus plus formel d’inscription des patients chez un médecin de soins primaires (comme le processus actuellement mis en place en Ontario) permettrait-il d’améliorer la coordination des soins? Qu’en pensez-vous?

23 janvier 2013

Progrès du DME au Canada : En réaction au 7e bulletin Les soins de santé au Canada, c’est capital de janvier 2012 : Résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth

Lynne Zucker est vice-président, intégration des systèmes cliniques, Inforoute santé du Canada

Je viens tout juste de lire Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé, une excellente analyse des Résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth. On y dresse un portrait complet du contexte canadien concernant les résultats du sondage du Fonds du Commonwealth incluant des comparaisons claires à l’échelle provinciale et internationale, ainsi que les tendances d’après les données des sondages précédents. J’ai trouvé que l’analyse était facile à lire et informative.

Qu’est-ce que j’ai retenu? Bien que les résultats du Canada indiquent que le pays est sur la bonne voie en général, le Canada n’est pas un chef de file à l’échelle mondiale dans la plupart des principaux secteurs des soins dont il est question dans le sondage.

Le Conseil canadien de la santé estime avec justesse que l’adoption des systèmes de dossiers médicaux électroniques (DME) par les médecins de soins primaires constitue une lueur d’espoir, les taux d’adoption ayant presque doublé depuis 2006. Toutefois, cette bonne nouvelle est assombrie par le fait que le Canada est toujours en retard sur de nombreux pays à ce chapitre et qu’il devra continuer à faire des efforts pour les rattraper.

Cela dit, tous les pays ont du chemin à faire pour assurer la multifonctionnalité des DME.
Ces systèmes permettent de gérer l’entrée d’ordonnances, de générer des renseignements sur les patients et provenant de groupe d’experts ainsi que d’appuyer l’aide à la décision clinique. Certains pays au taux d’adoption global très élevé comme la Norvège (98 p. 100) ont montré des résultats nettement moins élevés concernant la multifonctionnalité (4 p. 100).


Comparaison internationale de l’utilisation des DME en première ligne

© 2012 Commonwealth Fund International Health Policy Survey

Malgré les défis à relever, j’ai terminé la lecture du bulletin avec optimisme. Pourquoi? Je vois maintenant que bon nombre d’initiatives prévues ou mises en œuvre actuellement nous permettront d’obtenir de meilleurs résultats lors du prochain sondage. Plus de provinces utilisent les fonds accordés par Inforoute Santé du Canada pour lancer ou développer des programmes de DME pour les médecins et les infirmières praticiennes. Grâce à la bonne combinaison d’incitatifs et de soutien en place, je m’attends à ce que la forte croissance dans l’adoption du DME se poursuive. Les investissements d’Inforoute dans les programmes de soutien des pairs et de formation des cliniciens permettront d’améliorer l’utilisation avancée des DME, ce qui aura des répercussions sur les résultats des prochains sondages. Par exemple, le nombre de médecins pouvant établir des groupes de patients par diagnostic, résultat de laboratoire ou rappel de rendez-vous augmentera. Notre travail sur l’interopérabilité du DME et le fait que bon nombre des provinces et des territoires aient comme priorité de relier les DME aux hôpitaux et aux autres parties du réseau de santé vont également permettre d’obtenir de meilleurs résultats en ce qui concerne les notifications de visites à l’urgence, l’information sur les congés et les rapports de spécialistes.

Nos progrès réalisés jusqu’à présent et les défis à relever mentionnés dans le sondage offrent de nouvelles possibilités à Inforoute Santé du Canada et aux professionnels de la santé en soins primaires. Que pensez-vous de ces résultats?

22 janvier 2013

La qualité des soins primaires dépend de la région où vous vivez au Canada


La Dre Tara Kiran est médecin de famille et chercheuse à St. Michael’s Hospital. Elle travaille aussi à temps partiel en tant que conseillère en soins primaires au Réseau local d’intégration des services de santé du Centre de Toronto.

Les Canadiens sont fiers de leur système de santé publique et ils disent systématiquement être satisfaits des services de santé qu’ils reçoivent. Mais peut-être devraient-ils demander de meilleurs services.

Le plus récent rapport du Conseil canadien de la santé présente les conclusions du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth auprès des médecins de soins primaires, effectué dans 10 pays à revenus élevés. Dans presque tous les domaines – de l’accès aux soins à leur coordination, en passant par l’utilisation de la technologie de l’information – le Canada se classe en dernière place ou presque.

Il ne faut pas s’étonner de la piètre performance du Canada par rapport aux autres pays. Après tout, le Canada était arrivé au bas du classement, ou presque, dans un sondage similaire en 2009. Toutefois, j’ai été surprise par les écarts considérables de qualité des soins primaires entre les provinces.

Les résultats du Québec étaient systématiquement bien inférieurs à la moyenne nationale canadienne. Seuls 22 % des médecins de soins primaires au Québec disent que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même ou le lendemain, alors que la moyenne canadienne nationale se situe à 47 % (la plus basse des moyennes nationales de tous les autres pays). Seuls 8 % des médecins québécois ont dit être avisés quand leurs patients se rendent aux urgences, comparativement à une moyenne canadienne de 30 %. Et seuls 26 % des médecins au Québec disent qu’ils utilisent les dossiers médicaux électroniques, alors que la moyenne canadienne se situe à 57 % (en avant-dernière place parmi tous les autres pays).

En revanche, les médecins de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse sont tous arrivés en position supérieure à la moyenne canadienne en ce qui concerne les rendez-vous le jour même ou le lendemain. Les médecins de l’Ontario étaient beaucoup plus susceptibles d’offrir des services à leurs patients après les heures normales et de partager cette responsabilité avec d’autres collègues. Les médecins en Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse étaient systématiquement plus susceptibles d’utiliser la technologie de l’information dans le cadre de leur profession, d’évaluer leur performance en fonction d’objectifs et de bénéficier d’incitatifs financiers dans certains domaines de prestation des soins.

L’Ontario et la Colombie-Britannique sont deux provinces qui ont considérablement investi pour améliorer leur système de soins primaires. Au cours de la dernière décennie, la plupart des médecins de soins primaires en Ontario ont adopté de nouveaux modèles de pratique et ont signé des accords contractuels avec le gouvernement, qui leur demande d’inscrire officiellement leurs patients et de leur offrir des services après les heures normales, ou qui leur accorde des incitatifs pour le faire. Pour certains modèles de pratique, les médecins en Ontario sont sanctionnés financièrement si leurs patients vont dans des cliniques sans rendez-vous, mais financièrement récompensés si les soins prodigués à leurs patients répondent à certains objectifs de qualité. L’adoption des dossiers médicaux électroniques est subventionnée dans la plupart des modèles et elle est exigée par certains. De plus, un programme provincial d’amélioration de la qualité a aidé des centaines de médecins à améliorer l’accès à leurs cliniques.

La Colombie-Britannique a opté pour une approche différente mais tout aussi ambitieuse en vue de réformes. Depuis 2002, le General Practices Services Committee – partenariat entre la BC Medical Association et le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique – se fait le champion de plusieurs initiatives allant de nouveaux incitatifs financiers pour gérer les maladies chroniques à des modifications de codes de facturation pour encourager les consultations au téléphone et par courriel, en passant par un programme complet de soutien de la pratique qui inclut une formation en vue d’améliorer l’accès des soins aux patients.

D’autres provinces ont aussi tenté d’apporter des réformes à la prestation des soins primaires, mais comme l’a souligné le Conseil canadien de la santé il y a des années, les résultats des tentatives de réformes à l’échelle du pays n’ont pas été systématiquement examinés et les approches judicieuses ne se sont pas propagées.

La vaste gamme des mesures de la qualité des soins de santé qui varient entre les provinces devrait nous amener à remettre en question la notion d’un système « canadien » de soins de santé. Le gouvernement fédéral a défendu son approche non interventionniste envers les soins de santé mais, sans son influence, les Canadiens qui vivent dans les différentes provinces continueront de vivre des expériences différentes de soins de santé– au détriment de certains d’entre eux.

Quel plaisir de voir les Britanniques célébrer avec fierté leur service national de santé, lors des cérémonies d’ouverture des récents Jeux olympiques d’été! Notre gouvernement fédéral doit continuer d’investir et de surveiller judicieusement la prestation des soins de santé, pour que nous puissions conserver une fierté similaire envers notre système canadien de santé publique.

21 janvier 2013

Étape cruciale pour les soins primaires

Le Dr Brian Goldman est un médecin urgentiste chevronné. Il est aussi l’un des reporters médicaux les plus respectés, en tant que présentateur de « White Coat, Black Art », émission de CBC Radio One.

Quand le commissaire Roy Romanow a remis son rapport sur L’avenir des soins de santé au Canada, il a déclaré ceci à propos des soins primaires :

« Il y a une entente quasi universelle qui s’accorde pour dire que les soins de santé primaires offrent des avantages éventuels extraordinaires au système de soins de santé pour les Canadiennes et les Canadiens. »

Dire que les soins primaires sont d’une importance critique pour la santé des Canadiens n’est pas qu’une figure de style. De nombreuses études ont montré que les gens qui n’ont pas accès aux soins primaires sont plus susceptibles de souffrir de diabète, d’hypertension artérielle, de dyslipidémie et d’une foule d’autres maladies chroniques.

Mon père en donne un exemple parfait. Il est resté en bonne santé la plus grande partie de sa vie, grâce à son bon capital génétique. Au lieu de consulter un médecin de famille formé en résidence, mon père consultait un médecin généraliste vieillissant qui avait (franchement) bien dépassé la date « meilleur avant ». Bien sûr, mon père faisait un contrôle médical annuel chez son médecin. Mais j’ai l’impression que ce bon médecin se contentait d’ausculter le cœur et les poumons de mon père, s’émerveillait de sa résilience et le laissait repartir droit devant.

Quand mon père a réellement commencé à avoir besoin de soins médicaux, il était trop préoccupé par ma mère qui souffrait de la maladie d’Alzheimer. Mais tout s’est précipité il y a un peu plus de deux ans, quand il a été frappé par une pneumonie aiguë et a dû être hospitalisé.

De toute sa vie, mon père n’avait jamais mis les pieds dans un hôpital. Mais tout cela allait changer – considérablement.

« La pointe de l’iceberg » peut à peine commencer à décrire les problèmes de santé de mon père. En plus de la pneumonie, le médecin urgentiste qui l’a examiné a découvert une insuffisance cardiaque congestive. Dans les quatre heures qui ont suivi son arrivée aux urgences, les segments ST de son électrocardiogramme ont grimpé en flèche, signalant une crise cardiaque. Un angiogramme a révélé un grave problème dans trois vaisseaux coronaires, qui ne se prêtait ni à un pontage coronarien, ni à une angioplastie. Les médecins ont donc prescrit un traitement médical intensif à mon père pour ses artères bloquées et pour tous les facteurs de risque qui avaient causé le blocage.

En ce qui concerne les facteurs de risque, mon père avait le tiercé : dyslipidémie grave, hypertension mal gérée et diabète de type 2 compliqué par une maladie chronique des reins. Quand mon père est finalement sorti de l’hôpital, sa fiche de départ comprenait sept diagnostics différents. Il est rentré à la maison avec une ordonnance pour 10 médicaments et un programme complexe de contrôle et traitement.

Vous comprenez la situation. Bien que mon père ait consulté un médecin de nom, aucun facteur de risque de ces maladies chroniques graves n’avait été détecté à temps. Alors, imaginez ce que vivent les gens qui n’ont pas du tout accès aux soins primaires.

En tant que présentateur de « White Coat, Black Art », sur CBC Radio One, j’ai vu de près les conséquences de l’absence de soins primaires. À Peterborough, j’ai visité une clinique pour patients-orphelins, projet pilote conçu pour permettre aux gens qui n’ont pas vu de médecin depuis des années d’obtenir « une vérification générale » faite par une infirmière praticienne, avec des examens médicaux et un aiguillage vers des spécialistes, au besoin. Patient après patient, j’ai vu des gens dont la santé avait été incroyablement négligée. La plupart étaient comme mon père, mais plus mal en point encore. J’ai même vu un vieux monsieur dont le diagnostic a révélé un cancer des poumons qui avait probablement couvé pendant des années.

Comme Roy Romanow l’a dit dans son Rapport de la Commission, l’accès aux soins primaires est non seulement essentiel pour les patients, mais aussi pour le système. Tôt ou tard, même les patients-orphelins finiront aux urgences, avec un besoin de soins bien plus grand que s’ils avaient eu décemment accès aux soins primaires. Tout ceci est très coûteux, en fonds publics, pour vous comme pour moi.

C’est pourquoi j’ai lu avec un vif d’intérêt un nouveau rapport du Conseil canadien de la santé, Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé? Ce rapport présente les résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires.

Les problèmes signalés par les médecins canadiens de soins primaires sont révélateurs. Selon ce rapport, seulement 47 % de ces médecins accordent des rendez-vous le jour même ou le lendemain, ce qui les classe au dernier rang des médecins parmi les neuf autres pays qui ont participé au sondage. Le rapport a aussi constaté que les médecins canadiens étaient les moins susceptibles de faire des visites à domicile ou de prendre des dispositions pour que leurs patients puissent éviter une visite aux urgences quand leur cabinet médical est fermé. Certes, le rapport montre que plusieurs provinces font mieux que les autres, mais le tableau général fait ressortir la médiocrité dans le domaine de l’accès aux soins.

Outre les difficultés d’accès, les autres problèmes signalés dans le rapport découlent d’un manque flagrant d’efficacité qui nuit clairement à la prestation des soins primaires. Ainsi, 38 % des médecins interrogés disent avoir souvent des difficultés à obtenir des diagnostics spécialisés pour leurs patients. Seulement 16 % des médecins de famille ont déclaré que les hôpitaux leur envoyaient les renseignements requis pour un suivi dans les 48 heures après la sortie de l’hôpital de leurs patients. Et seulement 26 % ont dit qu’ils recevaient toujours un rapport des spécialistes consultés par leurs patients.

Sur le plan de l’auto-amélioration, les résultats sont très contrastés parmi les médecins de famille. Ainsi, le rapport a conclu que l’utilisation des dossiers médicaux électroniques (DME) a doublé depuis 2006, atteignant 57 %. De plus, l’utilisation de la prescription électronique est en hausse. En revanche, il est clair que le potentiel des DME n’est pas encore complètement exploité. Selon le rapport, seulement 41 % des médecins de soins primaires peuvent aisément créer une liste de leurs patients en fonction d’un diagnostic – alors que c’est là un critère essentiel pour faire des rappels opportuns aux patients et pour procéder à des vérifications de la qualité des pratiques.

Pour moi, le plus grand problème du système de santé contemporain, c’est le manque de responsabilisation. Ce rapport montre que les soins primaires ne font pas exception. Comparativement aux autres pays, il indique que les médecins canadiens de soins primaires sont parmi les moins susceptibles de travailler dans un contexte médical qui évalue la performance clinique en fonction de critères qualitatifs.

À mon avis, avec ce rapport, il n’est plus question de simplement demander davantage de médecins, mais de se poser la question suivante : la médecine familiale et les soins primaires vont-ils dans la direction requise et voulue par les Canadiens?

Mon père n’aurait jamais pu faire face à ses problèmes de santé sans les soins et les conseils d’un médecin de famille prévoyant. Je serai éternellement reconnaissant au généraliste qui a accepté de prendre mon père comme patient. Après tout, mon père avait 89 ans et la liste de ses problèmes médicaux continus était longue comme le bras. Il aurait donc été très facile pour tout médecin de famille de le refuser. Je suis non seulement reconnaissant à son médecin d’être prévoyant, mais aussi de se montrer déterminé à utiliser les nouvelles technologies et les autres moyens d’amélioration pour faire mieux encore.

Que disent les médecins canadiens de soins primaires à propos du système de santé?

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de faire paraître le 7e Bulletin de notre série Les soins de santé au Canada, c’est capital, qui se penche sur le rendement du système de santé. Pour la première fois dans l’histoire de cette série, nous présentons les opinions des médecins de soins primaires – qui sont le premier point de contact de la plupart des Canadiens avec le système de santé – sur les soins prodigués à leurs patients.

Chaque année, le Fonds du Commonwealth fait un sondage international des politiques de santé et donne des résultats comparatifs sur les expériences de soins de santé dans plusieurs pays. Notre rapport examine les résultats du sondage de 2012 auprès de plus de 10 000 médecins au Canada et dans neuf autres pays. Nous avons le plaisir de cofinancer les sondages du Fonds du Commonwealth depuis de nombreuses années. Plusieurs organismes importants (Alberta Health Quality Council, Qualité des services de santé Ontario, Commissaire à la santé et au bien-être du Québec et Inforoute Santé du Canada) se sont joints à nous pour inclure des échantillons plus vastes et plus représentatifs du Canada.

Dans ce bulletin, nous nous concentrons sur plusieurs secteurs clés du rendement du système de santé : accès aux soins primaires, coordination parmi les prestateurs de soins de santé, adoption de la technologie de l’information et initiatives visant à améliorer les pratiques. Grâce à des échantillons plus vastes, nous avons aussi pu comparer comment les expériences de soins de santé variaient de province à province. En outre, nous avons évalué comment le Canada se classe à l’échelle internationale et nous avons examiné comment sa performance a évolué au fil du temps, en fonction de sondages similaires effectués en 2006 et 2009.

Bien que l’importance des soins primaires mobilise actuellement davantage l’attention des décideurs de politiques au Canada, nous avons constaté de grands écarts de rendement entre les provinces, ce qui révèle un potentiel d’améliorations. En dépit des progrès clairement accomplis par les provinces dans certains secteurs des soins de santé, nous restons derrière les pays phares à l’échelle nationale pour l’accès aux soins et l’utilisation de la technologie de l’information.

Alors que les gouvernements de notre pays continuent d’investir dans les soins de santé primaires, ce bulletin montre en quoi les provinces pourraient apprendre les unes des autres et quels exemples internationaux pourraient nous guider.

Téléchargez notre rapport Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé? et faites-nous savoir si vous êtes d’accord avec nos conclusions. 


Sukirtha Tharmalingam, Analyste principale des politiques, Conseil canadien de la santé

11 janvier 2013

2013 au Conseil canadien de la santé

Bonne année à tous les lecteurs de notre blogue! Nous sommes très heureux de vous compter parmi nous et nous espérons que vous continuerez d’apprécier notre travail.

L’année 2013 s’annonce fort intéressante au Conseil canadien de la santé et c’est pourquoi nous voulons vous informer de quelques-uns de nos projets à venir.

Le 18 janvier est la date limite d’inscription au Défi de l’innovation en santé pour les étudiants des collèges et universités. Nous avons déjà reçu beaucoup d’excellentes soumissions et nous en attendons d’autres encore! La présélection des candidats sera annoncée le 11 mars 2013, alors restez à l’écoute.

Dans deux semaines environ, nous publierons notre plus récent rapport intitulé Comment les médecins canadiens de soins primaires classent-ils le système de soins de santé? Résultats du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires. Ce septième rapport de notre série Les soins de santé au Canada, c’est capital présente les expériences des médecins au sein du système de santé.

En mars, nous publierons un rapport sur l’amélioration de la qualité de la santé, puis notre Rapport de progrès 2013 paraîtra en mai. Ce Rapport de progrès, qui suivra les deux documents du même nom (2011 et 2012), couvrira les thèmes suivants :
  • Accès aux soins et temps d’attente 
  • Réforme des soins primaires et dossiers de santé électroniques 
  • Gestion des produits pharmaceutiques 
  • Promotion de la santé, prévention des maladies, santé publique 
  • Santé des Autochtones 
Cette année, nous continuerons d’ajouter de brillants exemples d’innovation en matière de santé à notre Portail de l’innovation en santé ainsi que sur YouTube, pour les exemples présentés en format vidéo. Au printemps, nous porterons tout particulièrement notre attention sur les temps d’attente, et nous couvrirons bien d’autres thèmes tout au long de cette année. Vous trouverez le Portail de l’innovation en santé au www.healthcouncilcanada.ca/innovation et les vidéos au www.youtube.com/healthcc.

À l’automne, nous tiendrons notre symposium national annuel. Pour des détails du symposium de l’an dernier, cliquez ici. Nous vous donnerons des nouvelles quant au thème de cette année!

Enfin, vers la fin de l’année, nous ferons paraître un rapport sur les aînés autochtones. Ce rapport s’inscrira dans le cadre de nos travaux sur la santé des Autochtones, dans la foulée de nos deux derniers rapports sur la santé des femmes et des enfants autochtones et sur les soins de santé pour les Autochtones en milieu urbain.

Merci pour cette très belle année 2012 – nous espérons que vous continuerez de nous suivre tout au long de nos activités en 2013! N’oubliez pas de vous inscrire au blogue et abonnez-vous à notre bulletin électronique pour rester informé de nos rapports, de nos webinaires et de nos autres projets.

2 janvier 2013

Créer la sécurisation culturelle pour les Autochtones dans les systèmes de santé en milieu urbain

La Dre Catherine Cook est conseillère au Conseil canadien de la santé et vice-présidente, Population et Santé autochtone, à l’autorité sanitaire régionale de Winnipeg au Manitoba. La Dre Cook est métisse. 

La plupart des Canadiens savent que beaucoup de membres des Premières Nations, d’Inuits et de Métis sont en plus mauvaise santé et vivent dans des conditions plus difficiles que le reste de la population canadienne. En 2010, le Conseil canadien de la santé a entrepris un projet pluriannuel pour explorer les programmes et les stratégies qui présentent le potentiel de réduire ces disparités de santé entre les Canadiens autochtones et non autochtones.

Au printemps dernier, le Conseil canadien de la santé a voyagé dans le pays pour en apprendre davantage sur les soins de santé offerts aux Autochtones en milieu urbain. Environ la moitié de la population autochtone du Canada, dont le total est de 1,3 million d’habitants, vit dans les villes mais ne fait pas autant appel aux services de santé classiques que les autres Canadiens. Les Autochtones ont moins tendance à demander de l’aide quand ils ont des symptômes de maladies, mais ils reçoivent plus souvent un diagnostic à une étape plus avancée que les non-Autochtones – retard qui peut rendre le traitement plus difficile, voire impossible. Bien que les comptes rendus de recherche montrent clairement que beaucoup d’Autochtones ne font pas suffisamment confiance au système de santé pour l’utiliser, ce fait n’est pas très connu des prestateurs de soins de santé.

Le Conseil canadien de la santé a organisé des rencontres avec les prestateurs de soins de santé et les décideurs de politiques à Saskatoon, Winnipeg, Vancouver, Edmonton, Toronto, Montréal et St. John’s. Beaucoup de participants étaient des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis et ils ont généreusement partagé leurs points de vue et leurs expériences personnels et professionnels. Les participants ont parlé du sentiment de malaise, d’impuissance et de peur que les Autochtones peuvent avoir quand ils tentent de faire appel aux services de santé. Voici ce qu’en a dit un participant : « Ils ont fait l’expérience d’être traités avec mépris, d’être jugés ignorés, stéréotypés, racialisés et rabaissés. » L’un des récits illustre ce type de préjugés racistes dont souffrent de nombreux Autochtones. Un Autochtone blessé est arrivé aux urgences, où une infirmière lui a interdit de s’allonger sur un lit. Quand un médecin a demandé pourquoi le patient n’était pas allongé, l’infirmière a expliqué que l’homme était sale et que de toute façon il retournerait dans la rue à sa sortie de l’hôpital. En fait, le patient était employé, propriétaire de sa maison, et il avait été attaqué alors qu’il rentrait du travail.

La plupart des professionnels de la santé sont bien intentionnés mais ne se rendent pas compte qu’ils agissent en fonction de stéréotypes profondément ancrés envers les Autochtones dans toute la société canadienne. Ils ne comprennent peut-être pas qu’ils sont la raison pour laquelle un patient des Premières Nations, inuit ou métis ne suit pas un protocole de traitement ou ne revient pas à ses rendez-vous.

En dépit de tous ces défis, il y a de bonnes nouvelles – de très bonnes nouvelles. Partout au pays, des programmes sont en cours pour créer des milieux de soins de santé sans racisme, où les Autochtones peuvent se sentir les bienvenus, en sécurité. Par exemple, depuis quelques années, on constate une augmentation des programmes de formation à la compétence culturelle pour les professionnels de la santé, ainsi qu’une hausse de la demande pour les travailleurs de soutien autochtones qui jouent le rôle d’interprètes culturels entre les patients autochtones et les prestateurs de soins classiques. Ces programmes, et d’autres, sont décrits dans le récent rapport du Conseil canadien de la santé, Empathie, dignité et respect : Créer la sécurisation culturelle pour les Autochtones dans les systèmes de santé en milieu urbain.

Les systèmes de soins de santé au Canada ont le devoir de se tourner vers les populations qui souffrent d’un mauvais état de santé ou qui n’utilisent pas les services, d’en comprendre les raisons et de s’adapter pour mieux répondre à leurs besoins. Faire des efforts spécifiques afin que le système de santé soit culturellement sécuritaire pour les Autochtones est non seulement une contribution importante à l’amélioration de leur santé, mais aussi un moyen concret de montrer du respect et de travailler en vue de la réconciliation.