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22 janvier 2013

La qualité des soins primaires dépend de la région où vous vivez au Canada


La Dre Tara Kiran est médecin de famille et chercheuse à St. Michael’s Hospital. Elle travaille aussi à temps partiel en tant que conseillère en soins primaires au Réseau local d’intégration des services de santé du Centre de Toronto.

Les Canadiens sont fiers de leur système de santé publique et ils disent systématiquement être satisfaits des services de santé qu’ils reçoivent. Mais peut-être devraient-ils demander de meilleurs services.

Le plus récent rapport du Conseil canadien de la santé présente les conclusions du Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth auprès des médecins de soins primaires, effectué dans 10 pays à revenus élevés. Dans presque tous les domaines – de l’accès aux soins à leur coordination, en passant par l’utilisation de la technologie de l’information – le Canada se classe en dernière place ou presque.

Il ne faut pas s’étonner de la piètre performance du Canada par rapport aux autres pays. Après tout, le Canada était arrivé au bas du classement, ou presque, dans un sondage similaire en 2009. Toutefois, j’ai été surprise par les écarts considérables de qualité des soins primaires entre les provinces.

Les résultats du Québec étaient systématiquement bien inférieurs à la moyenne nationale canadienne. Seuls 22 % des médecins de soins primaires au Québec disent que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même ou le lendemain, alors que la moyenne canadienne nationale se situe à 47 % (la plus basse des moyennes nationales de tous les autres pays). Seuls 8 % des médecins québécois ont dit être avisés quand leurs patients se rendent aux urgences, comparativement à une moyenne canadienne de 30 %. Et seuls 26 % des médecins au Québec disent qu’ils utilisent les dossiers médicaux électroniques, alors que la moyenne canadienne se situe à 57 % (en avant-dernière place parmi tous les autres pays).

En revanche, les médecins de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse sont tous arrivés en position supérieure à la moyenne canadienne en ce qui concerne les rendez-vous le jour même ou le lendemain. Les médecins de l’Ontario étaient beaucoup plus susceptibles d’offrir des services à leurs patients après les heures normales et de partager cette responsabilité avec d’autres collègues. Les médecins en Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse étaient systématiquement plus susceptibles d’utiliser la technologie de l’information dans le cadre de leur profession, d’évaluer leur performance en fonction d’objectifs et de bénéficier d’incitatifs financiers dans certains domaines de prestation des soins.

L’Ontario et la Colombie-Britannique sont deux provinces qui ont considérablement investi pour améliorer leur système de soins primaires. Au cours de la dernière décennie, la plupart des médecins de soins primaires en Ontario ont adopté de nouveaux modèles de pratique et ont signé des accords contractuels avec le gouvernement, qui leur demande d’inscrire officiellement leurs patients et de leur offrir des services après les heures normales, ou qui leur accorde des incitatifs pour le faire. Pour certains modèles de pratique, les médecins en Ontario sont sanctionnés financièrement si leurs patients vont dans des cliniques sans rendez-vous, mais financièrement récompensés si les soins prodigués à leurs patients répondent à certains objectifs de qualité. L’adoption des dossiers médicaux électroniques est subventionnée dans la plupart des modèles et elle est exigée par certains. De plus, un programme provincial d’amélioration de la qualité a aidé des centaines de médecins à améliorer l’accès à leurs cliniques.

La Colombie-Britannique a opté pour une approche différente mais tout aussi ambitieuse en vue de réformes. Depuis 2002, le General Practices Services Committee – partenariat entre la BC Medical Association et le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique – se fait le champion de plusieurs initiatives allant de nouveaux incitatifs financiers pour gérer les maladies chroniques à des modifications de codes de facturation pour encourager les consultations au téléphone et par courriel, en passant par un programme complet de soutien de la pratique qui inclut une formation en vue d’améliorer l’accès des soins aux patients.

D’autres provinces ont aussi tenté d’apporter des réformes à la prestation des soins primaires, mais comme l’a souligné le Conseil canadien de la santé il y a des années, les résultats des tentatives de réformes à l’échelle du pays n’ont pas été systématiquement examinés et les approches judicieuses ne se sont pas propagées.

La vaste gamme des mesures de la qualité des soins de santé qui varient entre les provinces devrait nous amener à remettre en question la notion d’un système « canadien » de soins de santé. Le gouvernement fédéral a défendu son approche non interventionniste envers les soins de santé mais, sans son influence, les Canadiens qui vivent dans les différentes provinces continueront de vivre des expériences différentes de soins de santé– au détriment de certains d’entre eux.

Quel plaisir de voir les Britanniques célébrer avec fierté leur service national de santé, lors des cérémonies d’ouverture des récents Jeux olympiques d’été! Notre gouvernement fédéral doit continuer d’investir et de surveiller judicieusement la prestation des soins de santé, pour que nous puissions conserver une fierté similaire envers notre système canadien de santé publique.

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