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24 janvier 2013

Pourquoi s’en soucier?

Dr Alan Katz, Directeur de recherche, Département de médecine familiale, Université du Manitoba

Pourquoi devrions-nous être concernés par ce que les médecins de famille pensent de la prestation des soins de santé au Canada?

Au moins pour deux raisons. Premièrement, l’avenir de notre système de santé à payeur unique dépend d’une haute efficacité de la prestation des soins. C’est d’ailleurs pourquoi les gouvernements provinciaux ont commencé à investir considérablement dans l’amélioration de notre système de soins primaires. Deuxièmement, parce qu’une bonne partie des changements doivent être apportés au niveau des cabinets médicaux de soins primaires, où les médecins de famille jouent un rôle essentiel de leadership. Ce sondage répond donc à deux objectifs. Il nous montre ce qui a changé au cours des six dernières années et il nous dit ce que les médecins de famille pensent du système. En apparence, les résultats du sondage donnent de bonnes nouvelles (p. ex., utilisation accrue des dossiers médicaux électroniques) et de mauvaises nouvelles (p. ex., mauvais accès aux soins dans de brefs délais, insuffisance des évaluations régulières de la performance clinique). En outre, certains résultats sont difficiles à interpréter (Les médecins qui utilisent des DME exploitent-ils ce moyen au maximum de sa capacité? Pourquoi si peu de médecins signalent-ils la disponibilité d’incitatifs pour les visites à domicile?).

Notre système de soins de santé est complexe. Les moyens d’étudier ce qui s’y passe sont très divers. Outre les excellents sondages comme le Sondage international 2012 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires, nous devons recourir à d’autres méthodes pour examiner le système afin d’en savoir plus sur ce que les médecins pensent et disent.

Les chercheurs canadiens comptent parmi les meilleurs au monde dans l’utilisation des données de demandes administratives pour étudier à la fois le système de santé et la santé de la population. Cette recherche analyse des données régulièrement recueillies pour assurer le bon fonctionnement du système, comme les demandes de remboursement des médecins aux gouvernements provinciaux, les dossiers de sorties d’hôpital et les ordonnances remplies dans les pharmacies, dans le but étudier le système de santé sous un angle différent.

Notre recherche au Manitoba Centre for Health Policy, http://umanitoba.ca/faculties/medicine/units/mchp/, qui s’appuie sur de nombreuses banques de données corrélées de demandes administratives, s’est penchée sur certaines de ces mêmes questions. Nos réponses ne se limitent pas à celles données par un petit groupe de médecins, mais comprennent tous les contacts au sein du système de santé pour l’ensemble des habitants du Manitoba (à quelques exceptions près). Par exemple, nos travaux ont montré que de nombreux médecins de famille n’utilisent pas pleinement leurs DME!

http://mchp-appserv.cpe.umanitoba.ca/reference/PIN_full_report.pdf
L’un des éléments les plus troublants à propos des résultats de ce sondage est le manque de coordination entre les hôpitaux et les prestateurs de soins primaires. Nos travaux indiquent que ceci résulte peut-être du fait que des patients consultent plus d’un médecin de soins primaires. Les patients sont donc souvent orientés vers des spécialistes par un médecin autre que leur médecin habituel. Nous ne pouvons pas expliquer pourquoi, mais ce phénomène soulève plusieurs questions : Les patients ont-ils consulté un autre médecin de soins primaires parce qu’ils étaient mécontents des soins prodigués par leur médecin habituel? L’aiguillage résulte-t-il du fait que le nouveau médecin ne connaît pas assez bien les antécédents médicaux des patients? Un processus plus formel d’inscription des patients chez un médecin de soins primaires (comme le processus actuellement mis en place en Ontario) permettrait-il d’améliorer la coordination des soins? Qu’en pensez-vous?

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